Fluides#1

August 2018

 

Selfportraits

 

Nikon D4s, 24-70 mm.

 

Pourquoi les fluides féminins dégoûtent les hommes? Pourquoi les femmes arrivent à en avoir honte, à penser que tout ce qui sort d’elles est sale et doit être tu? Avec le mot ignorance, vous pouvez répondre simplement à plus ou moins toutes les méchancetés du monde. Sauf qu’il est extrêmement facile de s’informer aujourd’hui, et j’en ai juste eu assez que mon corps et ce qu’il produit de fluides soit considéré comme un déchet immonde, alors que les hommes parlent ouvertement de leurs pets ou s’envoient des photo leurs caca du matin pour en observer les nuances. Alors que moi, femme cisgenre, le moindre de mes fluides m’était reproché. Moi, petite fille de 8 ans, j’étais sale avec mes traces de pertes blanches dans ma culotte. Moi, jeune fille de 13 ans, j’allais être moquée pour la moindre petite tache de sang sur mon jean. Moi, jeune femme de 17 ans, j’allais être insultée parce que je « mouillais trop ». Moi, femme de 26 ans, j’allais être assaillie de remarques parce que je ne souhaitais pas donner le sein à mon fils. Moi, femme de 30 ans, j’allais être fétichisée parce que j’ai un jour ruiné un matelas en squirtant. Moi, femme de 36 ans, je vous emmerde. Moi, mes fluides, je les vénère. 

 

#1 – NETTOYER.

« C’est quoi cette culotte sale?»

Alors que non, en fait. La glaire cervicale permet l’hydratation constante des tissus du vagin, et en coulant le long de sa paroi permet également de le nettoyer d’éventuelles vilaines bactéries, des cellules mortes issues du renouvellement de la muqueuse vaginale, les résidus de menstruations, etc… Ce qui était dans ma culotte, c’était le résultat de cet auto-nettoyage miraculeux. Pourtant j’en avais honte. Je ne sais plus qui m’a dit que c’était sale. Mais c’est resté ancré en moi, et jusqu’à peu, j’avais honte qu’on voit cette trace blanche dans ma culotte. Plus jeune, je me savonnais abondamment pour nettoyer « cette saleté » qui s’évacuait hors de moi tous les jours. Je n’ai réussi qu’à me ruiner la flore vaginale, souffrir d’une vulvite, ou que sais-je, on en m’a pas dit le mot. On ne nous explique pas, on ne nous explique rien. On nous laisse juste avoir honte, si jeunes, de ce que nous sommes: des corps parfaitement fonctionnels.